28 Février 2020
Editions : Gallimard Jeunesse
Prix : 15 euros (broché) / 6.90 euros (poche)
Où ? : Gallimard / lalibrairie.com
Acheté en brocante
A partir de 13 ans
Dans une ville dont on ne connaît ni le nom ni l'époque, Anne-Laure Bondoux nous narre une histoire d'amour et d'humanité. Dans une ville grise et froide, seule une Usine fait vivre les habitants de la région. Un matin, lors de la relève de l'équipe de nuit, Bo et Hama tombent littéralement amoureux. Coup de foudre. Cette histoire si bien commencé va être ternie par l'explosion de l'usine. Présente ce jour-là, Hama n'en sort pas totalement indemne. La vie qui paraissait jusque-là presque acceptable fait resurgir les peurs et les craintes. Alors, des rumeurs circulent. Et si c'était Bo l'étranger qui avait amené avec lui le mauvais œil sur la ville ? Contraint de fuir, les amoureux cherchent désespérément leur place dans ce monde. La trouveront-ils ?
Dans un univers austère où la joie de vivre des hommes a disparue face à la morosité ambiante, une lumière inattendue éclabousse l'Usine. L'amour. En sommeil depuis bien trop longtemps, Bo, l'étranger, et Hama, le réveille et ramène avec lui la vie. De cette histoire d'amour intense et fulgurante, le destin s'en mêle et provoque la déchéance du couple aux yeux des habitants de la ville. Comment se peut-il que la peur puisse éveiller le rejet de l'autre ? Totalement intégré jusque-là, comment un seul incident peut-il remettre en question la présence de Bo ? Métaphore de notre société, les thèmes actuels repris et détournés par la romancière, révèlent alors les douleurs qu'elles provoquent. Quittant la ville dans une pauvreté totale, mais avec la richesse dans le cœur, les deux amoureux vont être amenés à faire des rencontres fortuites, apparaissant comme une richesse insoupçonnée.
Notre petite communauté n'était sans doute pas plus mauvaise qu'une autre. Pris un par un, nous n'étions pas plus stupides ou plus méchants que la plupart des hommes. Nous adorions nos enfants, nous chérissions nos femmes, nous aimions nos amis, et en temps normal, nous n'aurions pas fait de mal à une mouche. Mais il y avait en nous cette insoutenable peur de la chute et du déclassement. Croyant que le malheur trouvait sa cause au dehors, nous avions entrepris de nous protéger en nous repliant sur nous-mêmes, tels des escargots apeurés. Ce que nous ignorions, c'est que le poison n'était pas dehors. Il était en nous, à l'intérieur de la coquille.
De cette quête de liberté à deux, naît Tsell, fruit de leur amour. Ainsi, malgré les difficultés, l'endurance des corps et des esprits, la douceur, la beauté et la vie, sont autant de symphonies face à l'âpreté de ce monde. De ce long et fastidieux périple, les personnages s'endurcissent, deviennent plus complexes et laissent place à la génération suivante. Alors, de façon un peu brutale, Tsell reprend le fil de la narration, elle, la jeune-fille insouciante. A son tour sur les routes, pourquoi ne pas faire le chemin inverse de ses parents ? Comme un retour aux racines, la mémoire en bandoulière, elle aussi s'aventure vers le lit de l'existence, jusqu'à retrouver la ville que ses parents ont fuis ?
De cette écriture fluide et ensorcelante, laissez-vous embarquer dans ce conte moderne ou la puissance cinématographique est révélée.
Comme vous le savez, les livres m'inspirent des gourmandises à leurs lectures... Et ce roman ne fait pas exception ! Pour la dureté du cœur des hommes, les petits beurres me semble une idée acceptable. Mais qu'en est-il de l'amour, l'amitié, la beauté ? Et si j'incorporais une mousse de groseilles entre les biscuits ? Un goûter-sandwich à la fois doux et croustillant, miam !