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Tant que nous sommes vivants - Anne-Laure Bondoux

Editions : Gallimard Jeunesse

Prix : 15 euros (broché) / 6.90 euros (poche)

Où ? : Gallimard / lalibrairie.com

Acheté en brocante

A partir de 13 ans

Rangé dans ma bibliothèque depuis quelques années déjà, dressé de toute sa hauteur, Tant que nous sommes vivants me narguait avec sa belle couverture monochrome aux détails hypnotisant. Trois années plus tard, je succombe enfin à la tentation pour y découvrir un roman jeunesse à la beauté renversante. Mais pourquoi ais-je attendu si longtemps ? Stupide Lili ! D'une poésie et d'une maturité impressionnante, le livre d'Anne-Laure Bondoux m'a emporté dans une folle histoire d'amour et d'humanité, le tout porté par une plume toute aussi douce que délicate. Et il en fallait pour raconter la terrible histoire de Bo et Hama, deux amoureux au tragique destin, mais vivants une vie ô combien merveilleuse ! Rejetés par les habitants de la ville suite à un accident décimant l'Usine, unique source d'emplois, le couple débute un étonnant périple où l'ordinaire côtoie le fabuleux. Leur amour résistera-t-il à ces aventures ? Rentreront-ils un jour dans la ville qui a vu naître leur idylle ? A la manière d'un conte, l'auteure arrive à faire passer des messages forts, usant d'une finesse lyrique. A faire lire aux ados, comme aux adultes !

De quoi ça parle ? 

Dans une ville dont on ne connaît ni le nom ni l'époque, Anne-Laure Bondoux nous narre une histoire d'amour et d'humanité. Dans une ville grise et froide, seule une Usine fait vivre les habitants de la région. Un matin, lors de la relève de l'équipe de nuit, Bo et Hama tombent littéralement amoureux. Coup de foudre. Cette histoire si bien commencé va être ternie par l'explosion de l'usine. Présente ce jour-là, Hama n'en sort pas totalement indemne. La vie qui paraissait jusque-là presque acceptable fait resurgir les peurs et les craintes. Alors, des rumeurs circulent. Et si c'était Bo l'étranger qui avait amené avec lui le mauvais œil sur la ville ? Contraint de fuir, les amoureux cherchent désespérément leur place dans ce monde. La trouveront-ils ? 

A la loupe

Dans un univers austère où la joie de vivre des hommes a disparue face à la morosité ambiante, une lumière inattendue éclabousse l'Usine. L'amour. En sommeil depuis bien trop longtemps, Bo, l'étranger, et Hama, le réveille et ramène avec lui la vie. De cette histoire d'amour intense et fulgurante, le destin s'en mêle et provoque la déchéance du couple aux yeux des habitants de la ville. Comment se peut-il que la peur puisse éveiller le rejet de l'autre ? Totalement intégré jusque-là, comment un seul incident peut-il remettre en question la présence de Bo ? Métaphore de notre société, les thèmes actuels repris et détournés par la romancière, révèlent alors les douleurs qu'elles provoquent. Quittant la ville dans une pauvreté totale, mais avec la richesse dans le cœur, les deux amoureux vont être amenés à faire des rencontres fortuites, apparaissant comme une richesse insoupçonnée

Notre petite communauté n'était sans doute pas plus mauvaise qu'une autre. Pris un par un, nous n'étions pas plus stupides ou plus méchants que la plupart des hommes. Nous adorions nos enfants, nous chérissions nos femmes, nous aimions nos amis, et en temps normal, nous n'aurions pas fait de mal à une mouche. Mais il y avait en nous cette insoutenable peur de la chute et du déclassement. Croyant que le malheur trouvait sa cause au dehors, nous avions entrepris de nous protéger en nous repliant sur nous-mêmes, tels des escargots apeurés. Ce que nous ignorions, c'est que le poison n'était pas dehors. Il était en nous, à l'intérieur de la coquille.

De cette quête de liberté à deux, naît Tsell, fruit de leur amour. Ainsi, malgré les difficultés, l'endurance des corps et des esprits, la douceur, la beauté et la vie, sont autant de symphonies face à l'âpreté de ce monde. De ce long et fastidieux périple, les personnages s'endurcissent, deviennent plus complexes et laissent place à la génération suivante. Alors, de façon un peu brutale, Tsell reprend le fil de la narration, elle, la jeune-fille insouciante. A son tour sur les routes, pourquoi ne pas faire le chemin inverse de ses parents ? Comme un retour aux racines, la mémoire en bandoulière, elle aussi s'aventure vers le lit de l'existence, jusqu'à retrouver la ville que ses parents ont fuis ? 

De cette écriture fluide et ensorcelante, laissez-vous embarquer dans ce conte moderne ou la puissance cinématographique est révélée. 

Un livre, une gourmandise !

Comme vous le savez, les livres m'inspirent des gourmandises à leurs lectures... Et ce roman ne fait pas exception ! Pour la dureté du cœur des hommes, les petits beurres me semble une idée acceptable. Mais qu'en est-il de l'amour, l'amitié, la beauté ? Et si j'incorporais une mousse de groseilles entre les biscuits ? Un goûter-sandwich à la fois doux et croustillant, miam !

 

Anne-Laure Bondoux
Anne-Laure Bondoux

 

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