Chronique livre : La ligne - Jean-Christophe Tixier

Editions : Albin Michel

Prix : 20,90 euros (broché) / 14,99 (e-book)

Où ? : Albin Michel / Place des libraires

352 pages

Service de presse

La ligne - Jean-Christophe Tixier

Il est de retour pour mon plus grand plaisir... Ce "il", c'est Jean-Christophe Tixier, auteur de romans noirs à destination d'un public adulte, ado ou encore jeunesse et de nombreuses fois récompensé. Après l'avoir interviewé en novembre dernier pour les Jours du Polar à la médiathèque où j'exerce, je suis allée à la rencontre de son dernier roman adulte sorti en mars dernier et sobrement intitulé La ligne. 

S'attaquant cette fois-ci au populisme et jeux de pouvoirs avec pour toile de fond les rapports humains souvent complexes et périlleux, il nous invite une nouvelle fois dans un décor rural dans lequel il imagine la déflagration qu'une simple ligne peinte au sol provoque. Une ligne pour séparer. Une ligne pour diviser un village, distiller la haine et ainsi réveiller les vieilles rancoeurs... 

Qu'est-ce donc que cette mystérieuse ligne apparue au détour d'une nuit et qui semble fleurir depuis quelques temps déjà sur le territoire français ? Au sein d'un village d'apparence uni, l'incompréhension va rapidement laissée place à une division, exacerbée par l'arrivée d'un représentant de l'État dont le lecteur n'entendra jamais la voix. De la raison de cette ligne nous ne connaitrons jamais la teneur officielle, sinon d'en diviser ses habitants, les "natifs" des "étrangers".

Alors que les dernières élections municipales ont entamées une fissure entre les partisans du Maire sortant; la famille Wesner figure de proue du village depuis toujours; et ceux de la famille Polora, la ligne ne va faire que creuser le fossé. Une légitimité s'oppose alors entre les natifs et les adoptés.

S'affronte naturellement et progressivement les mentalités étriquées à ceux de l'ouverture, et ce des deux clans. Une colère, une haine latente, vont éclore et amener les personnages à des actes aux conséquences désastreuses. 

Dans ce roman choral tendu, le temps réparti sur 30 jours dévoile les mécanismes de la haine, insidieuse et dévastatrice, soufflant sur les braises de la peur. La ligne est l'étincelle qui met le feu. Le feu de l'ignorance, de la bêtise, attisée par une peur qui se propage. Ici le gouvernement provoque et regarde toujours d'aussi loin les résultats de cette division programmée. L'expression "diviser pour mieux régner" n'a jamais été aussi bien employée...

Le plus touchant, et le plus tragique certainement, réside dans l'absence d'avenir pour les plus jeunes. La jeunesse représentée par Eric et Max, deux personnages adolescents, vole en éclat. La ligne vole leur avenir déjà incertain. La ligne vole leur vie. Cependant, elle peut délivrer d'autres personnages, du moins les libérer de secrets, les libérer de l'inertie dans laquelle ils sont englués. 

Une chose est sûr, nul besoin d'un mur physique pour diviser. La division se créée dans l'esprit de celui qui a peur. 

Un immense merci à Jean-Christophe Tixier et Albin Michel pour ce service presse !

Pour qui ? Pourquoi ?

• Pour le genre à cheval entre l'anticipation et le roman noir
• Pour la tension grandissante
• Pour la galerie de personnages 
• Pour l'aspect politique et social
• Pour comprendre les mécanismes du conflit

Un livre, une gourmandise !

Sous une tension grandissante, ce roman noir signé Jean-Christophe Tixier m'a instantanément inspiré pour la pâtisserie associée. En forme de ligne justement, les fingers sont les gourmandises idéales à la lecture de ce livre qui se dévore de façon frénétique. 

Boisson conseillée : un tchaï latte bien épicé