Interview de Christel Lacroix

Auteure de Les derniers sentiments Cathares aux éditions Aux pays rêvé.

Il y a quelques mois j'ai livré mon ressenti sur le roman de Christel Lacroix intitulé Les derniers sentiments Cathares. Mais si souvenez-vous, l'histoire d'abord épistolaire entre Albane la libraire et Alex journaliste et écrivain, tout deux passionnés par la religion et culture Cathare. Parallèlement, une histoire d'amour entre deux personnages du Moyen-Age, Aldelia et Pierrick, dévoilait une véritable introspection de l'Histoire. Quel est le lien entre ces quatre personnages d'une époque à une autre? Pour le savoir il faut lire ce riche roman qui vous transportera, j'en suis sûre, au delà de votre imagination. Pour ceux qui voudrez se rafraîchir la mémoire, ce lien devrait assécher votre soif de curiosité: http://bookncook.over-blog.com/2017/05/les-derniers-sentiments-cathares.html. J'ai eu la chance de pouvoir aller plus loin qu'une simple lecture passionnante et réussir à décrocher quelques mots à  cette auteure d'une très grande gentillesse. Place donc aux questions mais surtout aux réponses...

Peux-tu nous parler de toi, de tes inspirations? Qu'est-ce qui fait que tu écrives sur un sujet et pas un autre?

J'ai toujours écrit et aimé le faire. C'est un besoin intrinsèque qui a toujours fait partie de moi. De formation scientifique j'ai commencé à exercer mon métier dans la recherche scientifique en tant que docteur en pharmacie, et puis j'en suis revenu à la « chimie moléculaire des lettres».

C'est un moyen d'exister, de m'exprimer, de faire passer certaines idées dissimulées derrière la romance d'une histoire. Dans chacun de mes livres se cache en effet un message. Certains lecteurs en resteront à l'histoire superficielle, d'autres creuseront et passeront derrière le rideau pour comprendre au-delà.

Les sujets de mes romans relèvent souvent d'un mélange scientifico-historique, comme un passage du passé au futur pour mieux appréhender le présent. Je n'ai pas de sujets de prédilection, ils s'imposent à moi un matin ou un soir alors je ne m'y attendais pas.

A la lecture du roman on ressent ton intérêt pour la spiritualité cathare à travers la documentation et l'engouement avec lequel tu l'écris. Est-ce une passion? Pourquoi le Catharisme?

Comme je l'ai dit plus haut, le sujet des cathares, comme les autres sujets de mes romans, s'est imposé à moi.

Comme il s'agissait d'un fait historique, je me suis beaucoup documenté avant de me lancer dans cette aventure d'écriture. Je voulais coller au plus près avec l'histoire et les idées des cathares, avec le plus grand respect et en restant le plus proche possible de la vérité.

On trouve beaucoup de documents sur les registres d'inquisition, sur les batailles ou les folies meurtrières qui ont stigmatisé cette époque.

L'idéologie cathare est un sujet vaste et souvent passée en arrière plan : c'est sur cet aspect là que je voulais mettre l'accent.

Le catharisme n'est pas une passion pour moi, car il ne peut pas être passion ; je pense qu'il fait juste partie de notre histoire à tous au cœur de cette Occitanie qui a vu naître et mourir nos aïeux. C'était bien plus qu'une religion, c'était une façon de vivre.

Tu utilises différents genres littéraires (épistolaire, historique...) est-ce dans le but d'accentuer la profondeur spatio-temporel? D'induire le lecteur pour mieux le surprendre?

Je ne sais pas vraiment s'il y a un but à cette façon de mêler l'histoire le présent et le futur. C'est ma façon particulière d'écrire. Équilibriste sur le fil de l'imaginaire, j'ai souvent cette habitude de voyager dans le temps et d'y amener le lecteur au fil des pages. Cela peut surprendre mais chacun en est revenu sain et sauf.

L'amour est l'ossature du roman mais où places-tu la religion qui sert cet amour?

Je répondrais par une seule phrase à cette question : « la religion, quelle qu'elle soit, est amour ».

Hélas beaucoup semblent l'avoir oublié si l'on considère l'actualité qui n'est qu'une prolongation du passé.

En espérant que l'Humain aille vers le meilleur de lui-même.

L'héritage familial est omniprésent dans le roman, penses-tu que, comme tes personnages, la généalogie peut influencer le présent mais aussi le futur? Sommes-nous finalement des êtres en devenir ou avons-nous déjà une forme de conscience familiale qui influe?

J'ai lu beaucoup d'articles scientifiques sur cet héritage génétique qui nous amènerait inéluctablement à revivre les mêmes situations que celles qu'ont vécu nos ancêtres.

Je ne sais pas trop qu'en penser. Cet héritage culturel plutôt qu'une conscience familiale est le noyau de ce livre, à partir duquel le lecteur peut voyager dans le passé et l'histoire cathare. Mais j'ai du mal à concevoir que la généalogie pure puisse influencer notre devenir.

Tout au long du roman et surtout à la fin, la transmission est une valeur importante. Les enfants sont-ils des passeurs comme les autres?

Je pense que les enfants sont notre espoir, espoir d'un monde meilleur, espoir de tolérance et d'humanisme, espoir de liberté, espoir de ce Monde que nous essayons de construire idées après idées pour y vivre sereins et heureux.

Ce n'est peut-être qu'une utopie, un idéalisme, mais toute réalisation commence par un rêve. Alors faisons confiance à nos petits passeurs d'espoir.

Dernière question et non pas des moindre: quelles petites douceurs culinaires aimes-tu accompagner tes lectures, ton écriture...?

Je ne suis pas de nature gourmande (non non, je ne mens pas …). Je ne grignote pas en lisant ou en écrivant. Mais j'ai mes desserts fétiches, ceux contre lesquels je ne peux pas lutter et pour lesquels je délaisserais bien mon livre favori pour quelques minutes d'apothéose gustative : le baba au rhum (avec beaucoup de rhum ….) et la tarte au citron meringuée (la vraie, l'épaisse avec le dessus qui croustille). Et je finis cet interview sur cette note sucrée qui me met l'eau à la bouche en remerciant vivement Lindsay de son intérêt pour mon univers d'écrivain.