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Le ciel par-dessus le toit - Nathacha Appanah

Editions : Gallimard

Prix : 14 euros (broché)

Où ? : Gallimard / lalibrairie.com

125 pages

Offert par Lecteurs.com

Après avoir été envoûté par l'excellent Tropique de la violence, il me fallait absolument réitérer l'expérience de la poétique écriture de Nathacha Appanah. C'est donc avec joie que j'ai accueilli, grâce à Lecteurs.com, ce livre dans ma bibliothèque. Alors que le livre précédent m'avait totalement bouleversé, laissant une trace indélébile dans mon parcours de lectrice, Le ciel par-dessus le toit ne m'a pas laissé indifférente, mais presque. Pourquoi ? Le fond pourtant intéressant, genèse d'une famille brisée, a peut-être été supplanté par une forme trop lyrique. Malgré la curiosité qu'inspire cette famille dysfonctionnelle amenant à l'incarcération d'un des leur, je ne me suis pas attaché à leur histoire où bien si, mais seulement à celle d'un seul personnage. C'est donc un rendez-vous manqué pour moi, mais peut-être pas pour vous...! 

De quoi ça parle ? 

Il était une fois Eliette, jolie petite fille au teint de porcelaine. Eliette, c'est la petite poupée talentueuse de ses parents, celle qui chante pour la famille, les voisins, les amis et collègues. Et puis la petite fille grandie, et à onze ans, on a plus forcément envie de faire ce que les parents attendent de nous. Alors qu'elle s’apprête à monter sur scène pour la représentation annuelle dans l'usine où ses parents travaillent, survient un incident. Jean ou Gérard, elle ne sait plus, cet homme qui la connaît pourtant, l'embrasse et lui intime de se taire. Les digues sont rompues, Eliette n'est plus, Phénix est née.

Désormais adulte et mère de deux enfants, Loup et Paloma, Phénix jouit d'une liberté sans précédent. Maîtresse de sa vie et de ses envies, elle ne fera pas subir à ses enfants les fantasmes refoulés des parents sur leur progéniture. Les démonstrations d'amour, très peu pour elle. Mais comment se construire, quand l'affection d'une mère n'a d'apparence qu'un visage froid et fermé ? Alors que cette famille semble aujourd'hui brisée, l'incarcération de Loup, dix-sept ans, prend la tournure d'un séisme. Qu'a donc fait Loup ? Comment ce garçon pas tout à fait homme, à la sensibilité particulière, peut-il s'adapter au monde brutal de la prison ? Cet événement, éloignera-t-il encore plus les membres de la tribu ou au contraire, les rapprochera-t-il ? 

 

A la loupe

Roman littéraire en tout point, Le ciel par-dessus le toit pose de véritables questions de société. En dressant avec finesse le portrait d'une famille complexe, Nathacha Appanah, interroge les schémas reproductifs du carcan familial. Ne sommes-nous que les projections de nos parents ou au contraire, le poids de leurs fantasmes nous façonnent-ils à devenir l'opposé ? Ainsi, l'auteure rompt le fil de l'enfance pour exposer le visage de la transition, celui du changement et de l'affirmation de soi, qu'il soit d'une volonté propre ou non, comme Eliette/Phénix.  

C'est ainsi que prend fin l'enfance de celle qui s'appelait Eliette et il n'y a pas de quoi être triste même si cela se passe comme ça, devant tant de gens qui toujours, toujours, parleront de ce jour-là avec un mélange d'horreur et de délectation. Il ne faut rien regretter parce qu'il faut bien que ça se termine, ce faux-semblant qu'est l'enfance, il faut bien que les masques soient retirés, les imposteurs démasqués, les abcès crevés, il faut bien que cesse toute velléité du mieux, du magnifique, du meilleur, il faut bien en finir avec les belles paroles, les bons sentiments, les rêves doucereux, il faut bien, un jour, arracher à coups de dents sa place au monde.

A cette introduction de l'enfance, la romancière y poursuit son raisonnement en abordant, cette fois-ci, une nouvelle forme de rupture, l'incarcération des mineurs. Avec justesse, elle pose la question de l'enfermement comme punition, solution privilégiée d'un système qui ne sait pas, ou ne veut pas faire autrement. Lisez plutôt ces quelques phrases criantes de vérité : 

 

"Il était une fois un pays qui avait construit des prisons pour enfants parce qu'il n'avait pas trouvé mieux que l'empêchement, l'éloignement, la privation, la restriction, l'enfermement, et un tas de choses qui n'existent qu'entre les murs pour essayer de faire de ces enfants-là des adultes honnêtes, c'est-à-dire des gens qui filent droit. 
Ce pays avait heureusement fermé ces prisons-là, abattu les murs, promis juré qu'il ne construirait plus ces lieux barbares où les enfants ne pouvaient ni rire, ni sangloter. (...)
Plus tard, parce que toujours ont existé les enfants récalcitrants, les enfants malheureux, les enfants étranges, les enfants terribles, les enfants qui font des choses terribles, les enfants tristes, les enfants stupides (...), ce pays a trouvé d'autres moyens pour les guérir, les redresser, les corriger, les observer, afin qu'ils deviennent des adultes à peu près corrects, c'est-à-dire des gens qui pourraient aller se promener dans des jardins, sous un ciel ouvert, bleu et calme.

Mais toujours et encore, il y a les murs qui entourent, qui séparent, qui aliènent, qui protègent et qui ne guérissent pas les cœurs. "

Malgré des thèmes qui m'ont totalement touché, l'écriture poétique et parfois distante ont fait naître en moi un sentiment d'ennui. Peu empathique envers les personnages, je n'ai d'exception que celui d'Eliette/Phénix qui m'a intrigué, touché par le mystère de cette femme froide à la complexité apparente.

Émouvant, certes, ce roman m'a toutefois laissé sur ma faim, dommage ! Merci à Lecteurs.com pour cette expérience littéraire.

Un livre, une gourmandise !

Au sein de ce roman, se cache un gâteau, élément déclencheur et perturbateur de l'équilibre familial précaire. Quel est-il ? La forêt-noire ! Mais ne comptez pas sur moi pour vous "divulgâcher" quoi que ce soit... 

Nathacha Appanah
Nathacha Appanah

 

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