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La tresse

Laetitia Colombani

Edition : Grasset (broché)

Prix : 18 euros

Où ? : Grasset

            Place des libraires

222 pages

Emprunté à la médiathèque

 

La tresse

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D'une sensibilité époustouflante, comment ne pas aimer La tresse de Laetitia Colombani ? En nous embarquant sur trois continents, l'auteure souffle un vent de fraîcheur malgré des sujets douloureux. De l'Inde à la Sicile, en passant par Montréal, l'émancipation féminine, la misogynie et le sexisme sont autant de figures représentés à travers trois personnages que tout semble opposer. Un point commun les rassemble : leur volonté. Qu'elle soit imposée ou choisie, leur force réside dans leurs faiblesses. D'une simplicité déconcertante, ce roman n'en est pas moins simpliste sans toutefois manquer de reliefs. Un roman chorale donc, où la dureté de la vie côtoie la tendresse pour en dévoiler l'essentiel : l'amour. L'amour maternel, l'amour des autres, l'amour de la vie. Loin d'être sentimentaliste, ce roman est sobrement humain.

Puis elle prend son panier de jonc tressé, ce panier que sa mère portait avant elle et qui lui donne des hauts-le-cœur rien qu'à le regarder, ce panier à l'odeur tenace, âcre et indélébile, qu'elle porte toute la journée comme on porte une croix, un fardeau honteux. Ce panier, c'est son calvaire. Une malédiction. Un punition. Quelque chose qu'elle a dû faire dans une vie antérieure, il faut payer, expier, après tout cette vie n'a pas plus d'importance que les précédentes, ni les suivantes, c'est juste une vie parmi les autres, disait sa mère. C'est ainsi, c'est la sienne.

Personnage de Smita

Trois femmes, trois destins

Sur trois continents, trois destins féminins vont se jouer.

En Inde, Smita est une Intouchable. Considérée comme impure, passant ses journées à ramasser les déjections des autres membres du village, elle rêve d'un autre destin pour sa fille Lalita. Elle décide, avec l'accord de son mari, d'offrir toutes leurs maigres économies à l'instituteur afin d'envoyer Lalita à l'école. Mais le premier jour d'école ne se passe pas comme prévu.

En Sicile, Giulia travaille dans l'atelier de traitement de cheveux de son père lorsque celui-ci, victime d'un accident, tombe dans le coma. En cherchant des documents, elle découvre que l'entreprise familiale est au bord du gouffre. C'est alors que le destin met sur sa route Kamal, un sikh fuyant le Cachemire, son pays natal.

Au Canada, Sarah, une avocate ambitieuse et réputée, travaille d'arrache-pied pour décrocher sa promotion. Divorcée deux fois, mère de trois enfants, elle vit une vie "d'executive women" jusqu'à ce qu'elle apprenne être atteinte du cancer du sein. Véritable malédiction dans sa famille, elle pense mener de front, et la maladie, et son job.

 

Accaparée par son travail au cabinet, Sarah avait dû renoncer à partager de nombreux moments avec ses enfants. Faire l'impasse sur les sorties scolaires, les kermesses de fin d'année, les spectacles de danse, les goûters d'anniversaire, les vacances, lui pesait plus qu'elle ne voulait l'admettre. (...) Elle avait vite compris qu'il n'y aurait pas de place, dans le milieu où elle évoluait, pour les atermoiements d'une mère éplorée. (...) Elle enviait alors la légèreté de son mari, cette fascinante légèreté des hommes, chez qui ce sentiment semblait curieusement absent.

Personnage de Sarah

Les maillons d'une chaîne

Roman lumineux malgré des sujets sensibles, ce récit est porté par la voix de l'auteure qui intègre ses pensées entre quelques chapitres. Comme un maillon de cette chaîne qu'elle tisse par l'écriture, Laetitia Colombani nous fait part de l'émotion qui l'assaille à travers ses écrits. Et de l'émotion, elle sait l'écrire et surtout la partager. Tout d'abord avec Smita. Évoquer cette femme remisée au banc de la société, mû par la volonté de rompre avec la fatalité est beau. Avoir comme rêve d'offrir la scolarité à sa fille, l'est encore plus. Mais défier l'autorité et bousculer les principes est tout simplement courageux.

Le portrait de Giulia comporte, lui aussi, son lot d'émoi. Prendre à vingt ans la responsabilité de l'entreprise familiale, chercher à redresser la barre tout en évitant la banqueroute s'avère un pari osé. Le soutien d'un nouvel ami n'est pas négligeable, surtout lorsque l'amour pointe le bout de son nez. Mais en s'interdisant une liaison sérieuse par peur des transgressions ethniques, ne s'interdit-elle pas de vivre ? 

Enfin, l'image de working girl de Sarah perd vite de sa splendeur. Avocate avant tout, elle semble être de tous les fronts sauf celui de sa famille. L'apparition de la maladie va la confronter à la réalité du monde de l'entreprise face à cette déferlante. Vivre et se battre pour garder son statut ne sont pas forcément les meilleurs choix. 

Mais alors, quel est le point commun entre toutes ces femmes ? Si les cheveux semblent tout indiqués, la force de leur résilience est encore plus audacieuse.

 

 

D'une écriture simple et abordable, l'auteure reste toutefois en surface. J'aurais aimé un peu plus de profondeurs, de nuances pour explorer ces thèmes actuels. Néanmoins, j'ai apprécié la construction et les courts chapitres qui mesure le roman pour une lecture rapide. Trop rapide ? Sans tomber dans le pathos, Laetitia Colombani à su tirer profit de ses personnages pour exprimer la solidarité, la défiance et insuffler l'espoir qui anime le genre humain.

Pour accompagner cette lecture quoi de mieux qu'un thé à la menthe Betjemen & Barton et son muffin croquant au beurre de cacahuètes ? 

Lecture conseillée : Trois femmes puissantes, Marie NDiaye

 

 

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