Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Eh bien dansons maintenant !

Karine Lambert

EditionLattès (broché) / Le livre de Poche

Prix: 17 euros / 6.90 euros (poche)

Où?Le Livre de Poche / Place des libraires

214 pages

Offert en tant que juré du Prix des lecteurs 2017

Eh bien dansons maintenant !
Eh bien dansons maintenant !
Eh bien dansons maintenant !

La vieillesse est-elle une fatalité incurable? Non, selon les deux personnages de ce roman qui se font une joie de détourner nos idées reçues pour s'en affranchir. Annonciateur de fin de vie pour les uns, celle-ci marque l'aller sans le retour après avoir vécu ce que l'on nomme les plus belles années de nos vies. Mais si cette étape de notre vie n'en était en fait qu'une autre? Et si la vieillesse n'était plus considérée comme un relai vers le déclin mais une aubaine de vivre  intensément? C'est ce que nous propose avec sincérité Karine Lambert avec Marguerite et Marcel, deux âmes seules et perdues.

Marguerite, dîtes Maguy soixante dix huit ans, fraîchement veuve fait face à l'indépendance nouvelle avec laquelle elle va devoir cohabiter. Sous la coupe d'un mari notaire, bourgeois et autoritaire elle n'a cessé de vivre sa vie à travers celle de celui-ci. La rigueur à eu raison de son mariage mais pas celle du reste de sa vie, car la Maguy raisonnable n'est plus, place à Marguerite et sa soif de liberté. Quand à Marcel, confronté à la mort par noyade de sa femme Nora pour qui il portait un amour absolu, il est inconcevable de se relever d'une telle perte. Ces deux personnages pour qui la vie à eu son lot de contraintes mais aussi de bonheurs vont, contre toute attente se rencontrer et se reconnaître lors d'un séjour en cure thermale.

Recommandée par le médecin pour l'une, cadeau de sa fille Manou pour l'autre, cette cure imposée devient le point de départ d'un renouveau pour deux. Chacun voit en l'autre ses failles, ses peines mais se raccroche à la douceur et l'insouciance d'un être étranger à sa propre histoire. En s'apprivoisant, ils s'autorisent non pas une seconde chance mais une chance tout court de revivre, peut-être pour la dernière fois, l'effusion des sentiments, l'ivresse de la légèreté et la soif des corps. On ne doit les difficultés de cet idylle naissante qu'à la pression de l'entourage pour qui la morale et la bienséance ne se conjugue pas avec vieillir.

"Rien n'a bougé dans l'appartement mais tout est différent. Il l'arpente de long en large et s'arrête comme à chaque fois devant le calendrier figé au 25 mars 2014. (...) Il n'ouvre plus le courrier. Tous ces messages l'ont rendu fou: Il faut apprivoiser la perte. Le temps adoucit la peine, tu verras à un moment tu reprendras goût à la vie. Ça va aller. Non, ça ne va pas aller."

Frédéric, le fils de Marguerite notamment, n'entend pas du tout que sa raisonnable mère prenne ses propres décisions et jouisse d'une liberté méritée. Tout comme Manou, fille de Marcel, reprochant à son père de l'avoir écarté de l'intimité du deuil. En luttant pour retrouver une place au sein de familles brisées, en imposant la morale sur les émotions ils oublient l'essentiel: l'amour. Car l'amour est le moteur mais pas seulement. L'auteure avec subtilité, aborde sous une fausse légèreté la solitude des seniors et les clichés dont ils font l'objet. Les personnes âgées sont mis au banc de la société, ne sont plus considérés comme des individus à part entière mais comme des substituts dont il faut soulager les souffrances. Sont considérés comme des enfants auxquels il faut tout expliquer, tout simplifier. Ils ne peuvent être pris au sérieux tout simplement parce qu'ils sont trop vieux et n'ont donc plus toute leur tête.

"Pourquoi ne lui a-t-elle jamais dit qu'elle aurait préféré partir ailleurs que dans les châteaux de la Loire? Elle était restée digne et impeccable. Sage, tellement sage. La pudeur n'excuse pas tous les silences mais chacun fait ce qu'il peut avec ce qu'il reçoit. Elle a seulement été la fille de, la soeur de , la femme de."

Avec ce roman Karine Lambert écrit avec justesse et simplicité le bonheur de vivre jusqu'au bout. A la fois tendre et mélancolique, il fait la part belle à un espoir parfois perdu mais jamais tout à fait. Un doux café suivi d'un moelleux au chocolat blanc accompagneront en douceur ce délicat et émouvant roman.

Lecture conseillée: Les souvenirs, David Foenkinos

                                 Le premier oublié, Cyril Massarotto

 

Eh bien dansons maintenant !
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article