16 Avril 2019
Editions : Gallimard
Prix : 17 euros
Où ? : Gallimard / Lalibrairie.com
Emprunté à Lilia Tak-Tak - blogueuse de La madeleine de livres
Heureux en couple, Etienne et Mathilde parlent d'avenir. Malheureusement, peu de temps après leur retour de voyage Etienne devient distant, froid, énigmatique. La cause ? Il a revu son ex-petite amie, pour qui ses sentiments ne semblent pas s'être évaporés. Il comprend alors, qu'il n'a jamais cessé de l'attendre. Mathilde remballe son avenir supposé et essaie tant bien que mal de maîtriser le supplice de la séparation, en vain. Psychologiquement fragile, elle tombe dans la spirale de la dépression, elle, la professeur de français toujours enjouée et passionnée. Et puis viennent les retards, les absences, jusqu'à la faute qui lui vaut une mise à pied. C'est ainsi qu'elle emménage dans l'appartement de sa sœur Agathe, également occupé par son mari Frédéric et leur fille Lili. Tandis que chacun tente de prendre ses marques, la cohabitation devient de plus en plus difficile. Mathilde retourne sa colère et son amertume et expose une facette de sa personnalité jusqu'ici inconnue.
Elle n’était donc plus cette jeune femme qui représentait « la bonté incarnée ». Peut-on devenir méchante à l’épreuve de souffrance ? Il fallait croire que oui. Si la vie me violente, alors je deviens violente, tel aurait pu être le nouveau leitmotiv de Mathilde.
De la jeune femme amoureuse et passionnée, il ne reste rien de Mathilde si ce n'est qu'un monstre de chagrin et de jalousie. De cette histoire d'amour et familiale qui tourne mal, David Foenkinos décortique comme à son habitude les métamorphoses des êtres, en optant cette fois-ci pour un inquiétant affrontement psychologique. Chapitres après chapitres, on découvre un personnage trouble, englué dans une profonde tristesse. Vertige d'une femme délaissée. De cette première partie un peu longue et parfois ennuyeuse, on retrouve toutefois la finesse d'écriture de l'auteur qui sait mettre avec poésie les mots justes sur les sentiments. Trop de sentiments ?
Puis vient le cercle familial et débute ainsi un huis-clos tendu aux accents dramatiques prévisibles. C'est peut-être ça la note dissonante de ce roman. Des indices mal distribués, une caricature de la femme meurtrie ? Tout de même, il y a un plaisir malsain à découvrir un autre aspect de la personnalité de Mathilde, passée de l'abattement à la folie... La descente aux enfers des débuts devient alors de petits coups bas et manipulations, vision déformée par le bonheur des autres.
Des chapitres courts servi par une belle écriture aurai pu me séduire, malheureusement l'indigestion de larmes et de désespoir résonne comme une plainte assourdissante. Inégal, mais intéressant, ce roman donne le sentiment d'inachevé. Mitigée, je suis !
Que grignoter avec ce roman ? Des madeleines me semblent un bon compromis face à la mélancolie persistante de l’héroïne.