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L'inconnue du quai

Mary Kubica

Traduction: Carole Benton

Edition: Mosaic (broché) / Harper Collins (poche)

Prix: 19.90 euros (broché) / 7.90 (poche)

Où?Place des libraires

Emprunté à la médiathèque

L'inconnue du quai
L'inconnue du quai

Si l'inconnue du quai n'a plus de secrets pour moi, elle l'est encore pour vous. Sans trop vous en dévoiler les mystères, le roman de Mary Kubica est sans aucun doute un bon thriller psychologique qui aborde des thèmes douloureux et sociétaux collant ainsi parfaitement à l'actualité. De l'introspection du couple au visage du dénuement, ce roman interroge les failles d'un système et les fêlures cachées. Si la fin m'a un peu déçue, le mécanisme de narration est quant à lui rudement bien mené grâce à l'alternance de trois voix. Le(s) prédateur(s) n'est jamais celui que l'on croit ! 

Les visages de la pauvreté sont sinistres: de vieilles femmes recroquevillées sur des bancs dans les parcs de la ville (...) des hommes allongés au pied des immeubles pendant les jours glaciaux de janvier (...). Statistiquement, ils ont plus de risques d'êtres abusés sexuellement, entre autres, dès leur plus jeune âge, si bien que le cycle se répète (...).
Toutes ces réflexions me traversent l'esprit en l'espace d'un instant, pendant que je réfléchis à ce que je devrais faire: aider cette fille, monter dans le train, aider cette fille, monter dans le train...

De quoi ça parle ?

Chicago, gare de Fullerton, Heidi est sur le point de rendre à son travail lorsqu'elle aperçoit sous la pluie une jeune fille et son bébé. Touchée par tant de désœuvrement elle qui travaille pour une ONG venant en aide aux réfugiés, elle s'interroge sur ce qui a pu conduire cette adolescente à la rue. Ce qui la conduit à lui ouvrir sa porte malgré les réticences de son mari Chris et de sa fille Zoé. L'inconnue du quai du nom de Willow, réservée et mutique, semble victime d'un traumatisme évident, mais lequel ? Au sein du cocon familial, la sans-abri et son bébé Ruby vont pénétrer un foyer où les tensions sont perceptibles...

Comme si le souci d'être SDF n'était pas suffisant - le manque de nourriture, de toit et de vêtement propres -, la clochardisation s'accompagne d'un horrible stigmate, la honte d'être considéré comme paresseux , sale ou drogué.

L'image de la famille

L'extraction de cette citation illustre bien un des thèmes majeurs du roman : la pauvreté. Critique sociale des Etats-Unis, notamment sur la place des orphelins et la charge de travail des travailleurs sociaux, on peut tout à fait la comparer à de nombreux pays, comme le nôtre. Bouleversant de réalisme, j'ai totalement été emporté par l'histoire de Willow qui nous ai raconté au compte goûte. La perception de la misère et de la malchance ne peut que renforcer l'idée que l'égalité des chances n'est pas la même pour tous.

L'idée de la famille dans ce récit participe à la brutalité de ce qu'il peut être dans la réalité. Si l'image peut être parfaite, du moins normal, chacun panse des blessures et analyse ce qui a pu être le moment charnière à la rupture du dialogue. Qu'il s'agisse du couple comme de la relation parentale notamment entre Zoé et Heidi. Affrontant les affres de l'adolescence et un mari de plus en plus distant, celle-ci voit en Willow et son enfant une nouvelle chance de bien faire.

Les personnages féminins sont étoffés par une psychologie complexe en s'emparant de thèmes comme la perte de l'innocence, la maladie et l'avortement. Cependant, j'ai apprécié la parole offerte à Chris qui développe à son tour la dérive de son couple.

Je refuse d'admettre que la seule idée d'un enfant unique me glaçait et m'attristait, que la maison - que j'avais toujours rêvée pleine d'enfants - me paraissait vide, même avec Zoé. Même avec Chris. Ma famille, nous trois, ne me satisfaisait pas... Ne me satisfaisait pas assez bien.

D'une écriture simple justement trop en début de roman, naissent des personnages intéressants mais, inégaux dans la fouille psychologique, comme celui de Zoé. Néanmoins, les chapitres plus ou moins courts, rythment avec efficacité le roman. Déçue par une fin un peu expéditive à mon goût, j'attendais quelque chose de plus spectaculaire... Je me rattrape donc sur des petits-beurre aux noix de pécan et son thé rooibos citrus des Frères Dammann. Miam !

Lecture conseillée :  Parfaite, Caroline Kepnes

                                     

L'inconnue du quai
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