Q1, collectif de dix autrices

Editions : J'ai Lu

Prix : 8 euros

Où ? : J'ai Lu / Place des libraires

320 pages

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Q1, collectif de dix autrices (éd. J'ai Lu)

Dans un style néon rose "sexshop" la couverture du recueil de nouvelles érotiques, sobrement et chaudement intitulé Q1, est sans équivoque aguicheuse. Au centre du Q les noms des dix autrices qui, avec brio, attirent les lecteur.ices dans leurs filets. Parmi eux, celui de Maïa Mazaurette avec qui ce recueil ouvre le bal. Et quelle échappée !

Sous le titre Vingt et un, l'autrice et chroniqueuse aborde le féminin et le pouvoir, la reproduction des codes masculins avec pour fantasme le cuissage du stagiaire, ou devrais-je dire DES stagiaires... Une nouvelle d'une audace folle, partagée entre consentement, moralité et domination par le sexe. Maïa Mazaurette joue habilement ici avec la mégalomanie en renversant une situation souvent masculine afin d'en souligner les abus. Au-delà du constat, on y voit une femme de 44 ans affirmer ses désirs sur des jeunes hommes de 21 ans, offrant en retour un panel de sexualité divers. On y croise un type sûr de lui, obnubilé par la performance, un autre beaucoup plus doux et délicat, puis un de ceux qui préfèrent regarder à moins que... Non, je ne peux vous en dire plus, il faut bien vous donner l'eau à la bouche ! Dans un frisson qui fait transpirer la petite culotte, Q1 poursuit son envolée érotique avec sa seconde nouvelle, une de mes préférées...

L'assistante est une histoire de sexe certes, mais surtout d'humanité. Avec sensualité, Alexandra Cismondi y décrit le métier de Sienne, assistante sexuelle pour les personnes porteurs de handicap. Tabou récemment dévoilé, la profession est décrite non comme un acte sale ou subi, mais comme celui d'un don de soi, un acte pour réparer aussi. Sienne aime le sexe, aime prendre et donner du plaisir. Sienne est libre. Une nouvelle qui ouvre à la discussion féministe, éveil et ouvre le regard au-delà des normes.

Ma lecture se poursuit colorant un peu plus mes joues déjà cramoisies. J'y croise L'invitée d'Alice Groult pour qui, décidément, l'expérience avec un couple d'amis gays tient lieu de révélation. Au revoir virilité mal placée, place au vrai soi, celui dénué d'artifices. Avec Duplex avec chambre en bas, l'après-midi d'un couple se réchauffe sous les doigts de Milène Tournier, son autrice. S'en suit une des nouvelles dont j'ai peut-être le plus aimé le style, celui de Romy Alizée. Dans un coin reculé de montagne, l'autrice y raconte Marguerite, jeune femme à qui l'amour fait défaut. En même temps entre deux voisins un brin loufoques, la nature et Pipoue sa chèvre y'a pas grand monde dans le coin. Jusqu'à ce que la butch de ses rêves frappe à sa porte. Si y a du vertige, y a de l'amour mêle avec fracas ardeur et humour avec une savoureuse dose d'absurdité. J'aime !

Q1 continue de faire frémir ma moustache avec Catch me if I want dans lequel les vols anodins de petits objets révèlent, étrangement, des pulsions sexuelles à Linda. Camille Emmanuelle, y associe la symbolique du geste interdit, dangereux, et qui mènera son héroïne à se libérer d'un quotidien morne. Avec À verser au dossier des dégradations, Aïna Rahery quant à elle couche sur papier la revanche de Sahondra/Sandrine sur l'histoire de ses origines, la revanche sur son corps, sur qui elle est. Dans une nouvelle qui sent bon la campagne, la parisienne de Clémence Longy débarque en Creuse pour fricoter avec le jardinier. Le nom des bêtes porte la bestialité de la nature à la frontière du sexe. Un retour à la nature.

Et enfin, les deux dernières nouvelles. Dans Ces films que vous ne verrez jamais, Olympe de Gê redessine les contours du film porno dans une version féministe tandis que Pauline Verduzier renouvelle les fantasmes d'une romancière de livres érotiques. Sous une plume vibrante, Les envies de Madame, recueil les fantasmes de son héroïne enceinte qui (re)découvre le pouvoir de son imagination...

De ces dix nouvelles, dix plumes dans lesquelles se mêlent différentes voix, différentes sexualités et qui exercent une attraction manifeste. Délesté de mièvreries et de banalités, le premier tome de ce recueil de haute qualité se laisse déguster avec envie. Condensé de surprises, Q1 renouvelle le genre de l'érotisme sous le prisme d'un féminisme moderne et bienvenu. Un point négatif ? L'absence de protection ! Il me semble qu'aucun préservatif ou protection interne n'aient été une fois évoqués. Dommage. Ceci dit, ça ne m'empêchera pas de me jeter sur le tome 2 !

Un livre, une gourmandise !

Que grignoter après avoir refermer Q1 ? Une quéquette pardi ! Pas une vraie voyons... Une quéquette ou une vulve fluffy pancakes créées par La quequetterie, une chaîne de gaufres en formes de sexe. Bah quoi, faut bien rigoler un peu.