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Quelqu'un à qui parler

Cyril Massarotto

Edition: xo éditions (broché) 

Prix: 18.90 euros (broché)

? Place des libraires

272 pages

Acheté sur Le Bon Coin

Quelqu'un à qui parler
Quelqu'un à qui parler

Après la lecture de l'excellent Dieu est un pote à moi et de La petite fille qui aimait la lumière, Cyril Massarotto est devenu un de mes chouchous. J'ai presque tout lu et avec délectation car cet auteur sait allier humour, tendresse et moments de vérité pures. Ses romans peuvent paraître légers, sans grand intérêt mais injustement catalogués puisque derrière cette vitrine se cache un aspect philosophique insoupçonné. La joie d'avoir enfin le petit dernier entre mes mains fut grande, sa lecture une bouffée d'air frais sans émettre toutefois quelques critiques...

Paris, ville lumière sauf pour Samuel qui vient de fêter seul ses trente-cinq ans dans son deux pièces, condamné semble-t-il croire à la solitude. Pour seuls amis un couple de retraités vivant dans l'appartement du dessus chez qui il dîne chaque jour, il travaille à la création de slogans pour une entreprise de vêtements pour chien. Supportant un patron tyrannique et socialement assez peu engageant Samuel est seul en ce soir de fête après un accident qui empêche Marcel et Marceline de se rendre auprès de lui. Une bouteille de champagne plus tard et un appel désastreux à son ex, il se remémore le numéro de téléphone du domicile de son enfance et décide d'appeler. Seulement surprise, il tombe sur son "moi" à l'âge de dix ans! Au-delà du possible, qu'a-t-il à lui raconter de son existence? Le Samuel des dix ans à des rêves lui, qu'en a fait celui des trente-cinq? En appelant chaque soir, il engage une conversation qui, peut-être, changera sa vie monotone.

Au fil des ans, les sorties avec les amis se sont espacées, pour finalement disparaître complètement. Ainsi, je me suis retrouvé seul, sans m'en rendre compte; pourtant il n'y a eu aucune dispute, jamais, simplement un éloignement progressif, un détachement qui ne dit pas son nom. Le pire c'est que ça n'est la faute de personne! La trentaine approchant, les couples ont commencé à se marier, puis à fonder une famille, et petit à petit, chacun leur tour, ils se sont éloignés (...).

A la fois drôle et touchant, les romans de Cyril Massarotto redonne sourire et espoir comme en sortie de ciné après la projection d'Amélie Poulain. Bonne humeur et réflexion, voilà ce que nous offre cet auteur aux livres résolument optimistes et lumineux à l'écriture fluide, simple et intimiste. Dans celui-ci il offre une introspection sur la part d'enfance qu'il nous reste avec cette question à la clés: suis-je fidèle à l'enfant que j'étais? Question difficile me direz-vous mais qui a le mérite de pousser la réflexion. Suite aux conversations avec son "lui", le protagoniste va les multiplier pour explorer tout le panel d'idées qui s'offre à lui: peut-on changer le cours du temps? le rattraper?

L'enfant que j'étais n'aime pas l'adulte que je suis devenu. Y-a-t-il pire chose qui puisse arriver, dan la vie?
A trop me laisser porter par le cours des choses, à trop laisser la vie choisir ma place, j'ai abandonné mes rêves: j'ai trahi mon âme d'enfant.

Un roman sur les choix, qu'ils soient bons ou mauvais, complété par un regard assez juste sur une société quelque peu cruelle à enjoindre la sociabilité à tous prix comme signe de bonne santé. On voit bien où nous mène l'auteur car ce ne sont pas le nombre de personnes qui font le bien-être mais la qualité des individus. Même si la morale reste en surface, les thèmes de l'amour, amitié, deuil, espoir...recoupent l'universalité des sentiments humains ainsi au travers des joies et déceptions de ce petit garçon, lui donnent une spontanéité nouvelle et fraîche. Il est d'ailleurs intéressant de se pencher sur les oublis de l'enfance qui sont dans ce récit, réanimés par cet enfant qui rappel à l'adulte ses objectifs comme voyager, aimer, vivre avec intensité, tout simplement.

Au bout du fil, le silence.
Je le reconnais ce silence.
C'est comme ça que je pleurais, à l'époque.
Sans bruit. (...)
Alors j'ai appris à pleurer en silence. Un silence total: pas le moindre sanglot, pas le plus petit reniflement, rien. (...)
C'était ma grande fierté: personne n'a jamais su que j'étais un petit garçon désespéré.

Malgré des personnages un peu caricaturaux je l'avoue, le roman a le profil de "Dieu est un pote à moi" avec un personnage victime de solitude, un peu paumé et qui se réfugie derrière un quotidien morne par peur du changement ou par manque d'occasions. Pas un coup de cœur donc mais une vraie tendresse qui se mariera très bien avec le "thé des invités" de Betjeman et Barton suivi de woopies à la rose.

Lectures conseillées:  Dieu est un pote à moi, Cyril Massarotto

                                    La petite fille qui aimait la lumière, Cyril Massarotto

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