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Le dernier hyver

Fabrice Papillon 

 

Edition: Belfond

Prix: 21.90 euros

Où?Belfond

          Place des libraires

612 pages

Offert par le site Collibris en partenariat avec les éditions Belfond

 

Le dernier hyver
Le dernier hyver
Le dernier hyver

Dès sa sortie ce roman m'a tapé dans l’œil. Il y a fort longtemps que je ne m'étais attaquée à un polar ésotérique et celui-ci avait toutes les qualités requises pour me faire douter, voyager et découvrir des mondes inconnus jusque-là. Ceci n'aurait pas été possible sans le site Collibris qui m'a permis de remporter une place parmi son concours de critiques littéraires. Merci donc Collbris mais aussi Belfond pour sa participation! 

Fabrice Papillon défie les plus grands, comme Dan Brown ou Steve Berry, sur leur terrain de jeu et n'a pas à en rougir. Haletant, mystérieux et énigmatique, ce récit utilise tous les codes du genre et même au-delà. Mêlant avec brio, Histoire, éthique et fait de société, il étonne tant par son érudition et sa maîtrise et ça fait du bien!  Alors oui, il y a le jargon et les sigles des différentes strates policières, des recherches et explications médicales pointues, comme des courants de pensées philosophiques qui peuvent tirer en longueur et perdre le lecteur. Mais ce n'est finalement pas ce que l'on retient face à une fiction qui a tout pour potentiellement devenir une révolution sociétale. 

- "La science peut tout, elle voit clairement les choses qu'elle peut apercevoir et elle peut accomplir des choses impossibles."
Le libre-penseur demeura songeur. Il percevait l'importance d'une telle maxime, surtout postulée treize siècles en arrière. Quel esprit visionnaire... Au fond, Synesius pensait déjà comme Newton et comme lui-même. (...) elle est donc la clef de la connaissance, elle-même source de liberté et d'affranchissement de l'obscurantisme.

Hypathie d'Alexandrie, grande philosophe et mathématicienne est sauvagement massacrée en 415 après J-C. En 2018 Marie, vingt ans, étudiante en biologie et spécialiste en recherche génétique entame un stage à la police scientifique de Paris. Rapidement confrontée à un premier meurtre mettant en scène un cadavre démembré et brûlé sous une statue du dieu Hermès, un autre cadavre est découvert... Aux côtés de Marc Brunier, commandant de police de la crim' du 36 Quai des Orfèvres, elle se découvre un lien avec les victimes. En danger à son tour, elle va devoir user de toutes ses connaissances pour percer ce mystère. Mais quel lien relie Hypathie d'Alexandrie à Marie en passant par les cadavres? Quels mystères recèle le codex d'Hypathie?

Avait-il entièrement échoué? Peut-être. (...) Le grand livre, lui, pourrait sans doute continuer de passer de main en main. L'un des successeurs parviendrait peut-être à réaliser le prophétie de Démocrite et d'Hypathie. Sans doute les connaissances humaines se révélaient-elles bien trop minces, en ces temps obscurs, pour offrir la clef. Sans l'aide des âmes des géants ni celle des divinités, seul l'esprit humain, par sa science et son génie, se révélerait capable d'exaucer le grand oeuvre.

J'admets que les premiers chapitres ont été assez difficile pour moi, pas tant ceux centrés sur l'Histoire mais ceux de notre époque dont les dialogues et jargon policier m'ont semblé obscurs et trop familiers. Passer ce détail j'ai vite était happé par la dualité des chapitres qui passent de la petite à la grande Histoire pour offrir une consistance de plus en plus maîtrisée. Par ailleurs les nombreux personnages célèbres qui illustrent et enrichissent le codex d'Hypathie au fil des ans et des siècles donnent non seulement du crédit au récit mais une légitimité. Je me suis laissée emporter par le doute de l'existence de cet étrange livre! 

J'ai beaucoup aimé ce mélange d'éthique qui expose, entre autre, le problème du clonage mais aussi la mise au banc du catholicisme face à l'Inquisition ou encore la domination patriarcale comme source de biens des maux. En mettant l'alchimie et l'immortalité au centre du roman, Fabrice Papillon rassemble les initiés comme les non-initiés autour d'un thème scientifique fédérateur. 

Le féminisme occupe une large place au fur et à mesure du roman et se révèle en être l'axe principal. Il est intéressant de voir l'importance qu'il prend, la façon dont il s'insinue pour apparaître comme une évidence. D'abord discret puis poussé à l'extrême, j'ai apprécié le courant d'un mouvement qui se veut complémentaire de l'homme, où celui-ci a besoin de la femme et vice-versa. J'ai compris la démarche de l'auteur d'en faire une dérive notamment à la fin du roman où celui-ci exploite sa dangerosité, comme l'opposition systématique des femmes envers les hommes, ce qui au final dessert toujours une cause.

L'idée n'est pas de moi, je dois l'avouer. Au début, je n'y croyais pas vraiment, vois-tu, mais depuis que je me suis plongée dans la lecture du codex HYVER, je pense que c'est inéluctable. Même si ça doit prendre un siècle ou deux, il est temps de tourner la page de plus de deux millénaires de domination masculine. Il est temps de reprendre la main.

Avec une fin très intéressante qui pourrait envisager une suite, ce livre s'adresse à un public confirmé notamment à cause de ses nombreuses références. C'est donc un ouvrage minutieux, réfléchi et maîtrisé que nous offre l'auteur soutenu par des thèmes forts et actuels. Ahhhh, mais quel serais une lecture sans thé ni gourmandises? Cette fois-ci je vous propose l'eau de fruit bambou de Betjeman & Barton et son cake chocolat blanc et sirop de vanille. Miam!

Lectures conseilléesLe secret des glaces, Philip Carter

                                     Da Vinci Code, Dan Brown

Le dernier hyver
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